Enquête ChuPADom – Chutes des personnes âgées à domicile
En France, les chutes sont à l’origine de près de 9 300 décès chez les personnes âgées (données 2013). En 2010 ces chutes représentaient 85 % des recours aux urgences pour un accident de la vie courante chez les personnes de 65 ans et plus. Leur fréquence dans cette population, leur gravité en termes de morbidité et mortalité et les risques de perte d’autonomie qui en résultent en font un problème de santé publique majeur.
Santé publique France a réalisé une enquête auprès des personnes de 65 ans et plus hospitalisées suite à une chute à domicile et présentant au moins une lésion. Cette enquête prospective multicentrique (7 hôpitaux participants) est composée de deux volets : volet « Hospitalisation » suivi d’un volet « Séquelles » un an après la chute. Le premier volet avait pour objectifs de décrire les caractéristiques et les circonstances des chutes survenant à domicile chez les personnes âgées de 65 ans et plus, et d’identifier des profils de chuteurs selon des caractéristiques variées (sociodémographiques, maladies chroniques, autonomie, recours à une aide à domicile, logement, activité au moment de la chute, etc.) afin de contribuer à la mise en place d’actions ciblées de prévention.
Au total 1 467 personnes hospitalisées pour une chute à domicile dans un des sept hôpitaux de l’étude ont répondu au questionnaire de l’enquête. Les répondants étaient majoritairement de sexe féminin (69 %) et âgés en moyenne de 84,5 ans. Près de 80 % des patients ont chuté durant la journée, principalement le matin (38 %) et 48 % sont arrivés aux urgences moins de 3 heures après la chute. Les activités réalisées au moment de la chute les plus fréquemment citées étaient l’hygiène/la toilette (15 %) et la marche (14 %) ; le lieu de survenue de la chute était pour un patient sur cinq la chambre et la chute était pour 43 % des cas de leur hauteur ou de faible hauteur. Plus de la moitié des patients (53 %) avaient déjà été victimes d’une chute lors des 12 mois précédent l’enquête, dont un tiers avaient nécessité une hospitalisation.
Près de 45 % des patients de l’échantillon souffraient d’une fracture à la suite de la chute, un quart présentait une plaie et 27 % une contusion ou une ecchymose. Les membres inférieurs étaient la partie du corps la plus fréquemment touchée. Environ 16 % ont eu un traumatisme crânien, 14 % présentaient une rhabdomyolyse et seulement 4 % un syndrome post-chute.
Dans cet échantillon, 5 profils de chuteurs ont été identifiés :
- Le profil 1 regroupe 6 % de l’échantillon et est principalement constitué d‘hommes, de jeunes séniors, autonomes, chutant de grande hauteur dans des pièces annexes de la maison voir les parties extérieures, en ayant pris des risques ;
- Le profil 2 regroupe 5 % de l’échantillon : jeunes séniors, avec certaines limitations de santé, vivant dans une maison pas toujours adaptée à leur état de santé, chutant dans les escaliers ;
- Le profil 3 regroupe 32 % de l’échantillon : des personnes autonomes, se percevant en bonne santé et chutant lors d’une perte d’équilibre ou de leur hauteur ;
- Le profil 4 regroupe 54 % de l’échantillon : principalement des femmes, âgées, se percevant en mauvaise santé, dépendantes, chutant lors d’activité à faible intensité ;
- et enfin, le profil 5 pour 3 % de l’échantillon : personnes très âgées, dépendantes pour les activités de la vie quotidienne, dont les informations déclarées sont souvent manquantes.
Les profils 4 et 5 qui représentent les personnes les plus âgées et dépendantes étaient 40 % à présenter une fracture à la suite de la chute alors que dans le profil 1 (hommes, jeunes et autonomes), ils étaient 65 %. Plus les patients sont jeunes et semblent en bonne santé, plus ils ont tendance à chuter lors d’activités à intensité modérés à intenses ce qui est plus propice aux fractures. Le syndrome post chute (altération de l’équilibration et de la marche associée à des troubles d’ordre psychologique pouvant aller jusqu’à la dépression) concerne peu de patients, mais semble toucher plutôt les chuteurs des derniers profils (4 et 5), profils pour lesquels la proportion de récidive de chute est la plus importante. Enfin, 27% des patients du profil 5 ont subi un traumatisme crânien, ce qui pourrait expliquer le nombre important de non réponse dans le questionnaire, lié à un esprit confus.
Ce rapport présente des premiers éléments d’informations concernant les circonstances de la chute et l’identification de profils de chuteurs afin de pouvoir mettre en place des interventions ciblées. Le volet « Séquelles » en cours d’analyse présentera les séquelles un an après cette chute, et notamment le devenir de ces patients (décès, récidive de chutes, séquelles…). Ces résultats permettront d’identifier les niveaux de risque des chutes les plus graves et d’adapter les mesures de façon plus adéquate aux différents profils.
Consulter « Chutes des personnes âgées à domicile. Caractéristiques des chuteurs et des circonstances de la chute », le volet « Hospitalisation » de l’enquête ChuPADom ici